vendredi, avril 26, 2024

MEGE-Paris

Mémoire de l'Electricité, du Gaz et de l'Eclairage public

Site Historique - 23 Rue de Vienne
Histoire du site vienne

Une page importante de l’histoire de la distribution de l’électricité à Paris est tournée à la fin du mois de mai 2010. L’ensemble des services d’ERDF ont quitté le 23 Rue de Vienne, les clés ont été rendues à la Ville de Paris, soit environ  100 ans après le début de cette histoire qui commence le 5 septembre 1907.

A cette date, une nouvelle convention pour la distribution de l’électricité est signée entre la Ville de Paris et les six compagnies de secteur qui distribuaient électricité depuis le 1889.

Du 1er novembre 1907 au 31décembre 1913, le Ville traite avec le comité de l’Union des Secteurs et à partir du 1er janvier 1914 avec une nouvelle société unique « la Compagnie Parisienne de Distribution d’Electricité » (CPDE), qui se substitue aux six compagnies des secteurs. Dès 1907, cette nouvelle compagnie va se mette en place  de façon à être opérationnelle au 1er janvier 1914.

Elle va notamment, pour abriter son siège social et ses services centraux, faire construire au 23 rue de Vienne un immeuble de bureaux sur un terrain d’environ 1 600m² comprenant 5 étages et un sous-sol et utiliser un immeuble existant et contigu situé au 43-45 rue de Rome.

Pendant un vingtaine d’années, les locaux tertiaires des services centraux de la CPDE vont être constitués de ces deux bâtiments principaux sans compter la mise en place de dix sections clientèles installées sur tout le territoire de la Ville qui reprennent au niveau des quartiers les fonctions principales de la distribution d’électricité (exploitation, commercial, clientèle).

A partir de 1930, avec la forte augmentation de la demande d’électricité, les besoins supplémentaires en personnel et la volonté de rassembler dans un centre unique l’ensemble des nouveaux services disséminés dans Paris, il est décidé d’agrandir le siège de la Compagnie.

Les acquisitions de parcelles contigües à l’immeuble existant vont permettre de réaliser entre 1933 et 1935 une extension tout à fait remarquable, la CPDE souhaitant faire de cette construction une vitrine pour les immeubles de bureaux de l’époque. La conception du nouvel immeuble est confiée à l’architecte Urbain Cassan (1890-1979), polytechnicien, diplômé de l’école supérieure des beaux arts.

L’immeuble construit sur un terrain de 3 970m² comprend deux niveaux en sous-sol (garage, chaufferie, poste de transformation, abris anti-bombardement), un rez-de-chaussée et sept étages (cinq étages de bureaux, le restaurant au sixième et le salon de la lumière au septième étage).

Pour satisfaire aux exigences des services qui sont en permanente réorganisation à l’époque, l’architecte a imaginé, dans un contour d’immeuble fixe, des particularités  très nouvelles comme le cloisonnement amovible faisant de cette construction un bâtiment unique en son genre.

Les murs sont constitués de dalles dont l’isolement calorifique est supérieur à celui d’un mur en maçonnerie de 40cm d’épaisseur. Les sols et les plafonds sont conçus de manière à procurer un isolant phonique tel qu’aucun bruit ne puisse pratiquement passer d’un étage à l’autre. Les fenêtres sont à guillotine pour gagner de la place.

Le chauffage présente une particularité intéressante : il est prévu qu’une partie de l’immeuble soit chauffée par des radiateurs électriques (accumulation sèche) pour une puissance totale de 390kW et l’autre partie un chauffage eau chaude (accumulation humide) fournie par deux ballons de 70m3 pour une puissance totale de 1 500kW sous 600 volts, l’ensemble étant alimenté par le courant électrique de nuit. Toutes les possibilités offertes à l’époque par le chauffage électrique sont ainsi utilisées.

L’éclairage artificiel des bureaux a été réalisé par la pose d’appareils au-dessus des fenêtres comportant une ampoule tubulaire. Les couloirs sont éclairés par des caissons lumineux ménagés au-dessus des armoires. La puissance totale pour l’éclairage est de 400kW.

Les étages sont desservis par dix ascenseurs répartis en deux batteries, l’une de six cabines et l’autre de quatre (transformées depuis en deux batteries de quatre cabines). L’ensemble étant capable de transporter l’ensemble du personnel en dix minutes. Avec, à l’époque, des innovations intéressantes (enregistrement des ordres, signalisation lumineuse et automaticité des ouvertures et fermetures de portes).

Dans les sous-sols sont installé des abris anti-bombardement avec porte blindée étanche et ventilation. En cas de besoin, le personnel est réparti dans les différents abris. La puissance électrique totale de l’immeuble s’élève à 3 000kW soit 145W/m² fournie par un poste de transformation raccordé au réseau haute tension 12 500 volts.

En  1946, la nationalisation des industries électriques et gazières entre en application, la CPDE disparaît. L’ensemble des installations de réseau et le siège de la compagnie sont confiés à EDF. Selon le traité de concessions, les bâtiments servant à la distribution appartiennent à la Ville de Paris qui les confie au nouveau distributeur afin qu’il assure le service de distribution de l’électricité dans Paris.

La Compagnie Parisienne de Distribution d’Electricité est remplacée par le CDPE (Centre de Distribution de Paris Electricité) qui intègre également les sites des dix-sections territoriales implantées dans Paris.

Dans les années 50, afin d’améliorer le service à la clientèle, il est mis en place sur le site Vienne un centre d’appel téléphonique appelé Poste Central Abonné (PCA) chargé de recevoir  et de piloter le dépannage des « Abonnés » électricité (maintenant nous dirions « Clients ») le soir après la fermeture des sections ainsi que les week-ends.

Ce service est situé au troisième étage de l’immeuble Rocher à côté du Poste Central d’Exploitation afin de faciliter les échanges. Un système équivalent pour le gaz est également opérationnel sur le site du Centre Paris Gaz, rue Condorcet.

Dans les années 60, une très forte croissance de la demande apparaît. La consommation augmente d’environ 8% par an soit un doublement en dix ans. Il faut repenser le réseau parisien imaginé en 1914. Les locaux du siège du CDPE deviennent trop petits.

En 1966, une deuxième extension du siège va être entreprise. Il s’agit de la construction de l’immeuble Dany, situé sur les parcelles 40-46 rue du Rocher et impasse Dany (impasse ouverte en 1821 sur les terrains appartenant à certain Monsieur Dany).

Un immeuble de bureaux, de huit étages et quatre sous-sols, est érigé sur un terrain de 1 750m² environ. Ce nouveau bâtiment mis en service en 1970, va abriter entre autres les nouveaux services nécessaires au développement d’un nouveau réseau électrique qui, peu à peu, va se substituer aux anciens réseaux devenus obsolètes. Cet édifice sera le siège du dispatching Paris appelé encore PCE Dany.