Jusqu’ici il a fallu une pile ou une machine pour produire une lumière électrique, et il n’a pas été possible de placer deux lampes dans un même circuit. Cette impossibilité est facile à comprendre, si on se reporte au mécanisme du régulateur ; dans tous ces appareils, le rapprochement et l’écart des charbons se fait à la commande d’un électro-aimant, qui obéit lui-même aux variations de la résistance du circuit, produites par les changements de longueur de l’arc voltaïque. Si l’arc s’allonge, la résistance du circuit augmente, l’électro-aimant s’affaiblit et permet le rapprochement des charbons.
On voit clairement, que s’il y a deux lampes et deux arcs voltaïques dans un circuit, il suffira que l’un des deux arcs s’allonge pour que les deux électro-aimants agissent et que les deux arcs voltaïques soient raccourcis ; dès lors la seconde lampe sera dérangée, tandis que la première seule devait être corrigée. En d’autres termes, la solidarité entre les deux appareils entraînera constamment dans chacun des changements de réglage hors de propos qui aboutiront à un déréglage continuel.
Avec la bougie, rien de semblable, et pourvu que la source ait une tension suffisante pour franchir les arcs voltaïques, on pourra les ajouter dans un même circuit, et au lieu d’une lumière unique, on pourra en obtenir plusieurs. Aux magasins du Louvre, nous avons vu, tantôt quatre lumières, tantôt trois fournies par chacune des deux machines électriques mises en jeu, en tout six ou huit feux. La suite montrera s’il est raisonnable d’espérer une division plus grande de la lumière électrique et quelles nouvelles applications il en pourra résulter.
Article rédigé par Alfred Niaudret, Revue « La Nature » n°204 du 28 Avril 1877