jeudi, novembre 7, 2024
Histoire de l'Électricité à Paris
En 1878 une nouvelle énergie apparaît : L’ÉLECTRICITÉ. Une petite usine assure temporairement l’éclairage électrique de l’avenue de l’Opéra avec des bougies JABLOCHKOFF . Quelques installations privées, de magasins ou de théâtres, assurent leur propre production. Une usine au Palais Royal, une autre au Faubourg Montmartre, ont un réseau composé de canalisations passant sur les toits des immeubles faute d’autorisation de la Ville de Paris d’emprunter les voies publiques.
Des applications d’éclairage : Place du Carrousel en 1881, du Parc Monceau en 1882, de l’Hôtel de Ville en 1883, du Parc des Buttes-Chaumont en 1884, confirment les débuts d’une production industrielle de courant électrique. L’incendie de l’Opéra-Comique en 1887, éclairé au gaz, a pour conséquence d’interdire ce mode d’éclairage dans les salles de spectacles.
Photo 1 : Bougie et globe Jablochkoff
1889-1907 : Les six premiers secteurs électriques à Paris

En 1888, le Conseil Municipal de PARIS, avec la perspective de l’Exposition Universelle de 1889 et sous la pression de l’opinion publique, décide la création d’un réseau de distribution d’électricité.

L’organisation retenue consiste à diviser PARIS en parties désignées sous le nom de secteurs. Les « secteurs électriques parisiens » prennent naissance, et c’est à cette époque que remontent les concessions successivement accordées par la Ville à six sociétés qui ont assuré l’exploitation de l’électricité jusqu’à fin 1907. Au 1er janvier 1908, la concession est confiée à l’Union des Secteurs (la ville exploitant de son côté un réseau dans le quartier des Halles).

Dans chaque secteur, le type de distribution était différent :

    • • Compagnie CONTINENTALE ÉDISON : courant continu à 2 x 110 V, distribué par feeders 3 fils.
    • • Société d’ÉCLAIRAGE ET DE FORCE PAR L’ÉLECTRICITÉ À PARIS : Courant continu 1 x 110 V 2 fils.
    • • Compagnie VICTOR POPP (ultérieurement Compagnie PARISIENNE DE L’AIR COMPRIMÉ) : Courant continu 4 x 110 V par réseau 5 fils.
    • • Société d’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE DU SECTEUR DE LA PLACE CLICHY : Courant continu 4 x 110 V par réseau 5 fils.
    • • Société CHARLES MILDÉ FILS ET Cie (ultérieurement Compagnie d’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE DU SECTEUR DES CHAMPS-ÉLYSÉES) : Courant alternatif à haute tension (3000 V), abaissé à 110 V par un transformateur dans chaque immeuble.
    • • Compagnie ÉLECTRIQUE DU SECTEUR DE LA RIVE GAUCHE : mêmes caractéristiques que le secteur des CHAMPS-ÉLYSÉES.

Chacun des concessionnaires produit l’énergie consommée dans sa zone, dans de nombreuses stations génératrices : une douzaine de petites usines et la centrale du quai de Jemmapes à l’intérieur de Paris, les centrales de Levallois, Issy-les-Moulineaux, Saint-Denis et Saint-Ouen à l’extérieur.

Le regroupement par la C.P.D.E et les zones de réseaux
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Fin 1907, à l’expiration des concessions, une convention municipale assure le rassemblement des distributions (l’Union des Secteurs) dans le but de préparer la création d’un organisme unique, la Compagnie Parisienne de Distribution d’Électricité (C.P.D.E.) à la fin de 1913.

Le 1er janvier 1914, la distribution d’électricité est confiée par la Ville à la Compagnie Parisienne de Distribution d’Electricité (CPDE), jusqu’à la nationalisation.

Les réseaux de distribution établis par les premiers secteurs se modifient conformément au programme technique imposé par le concessionnaire :
    • • Production du courant primaire par deux centrales : l’usine Nord à SAINT-OUEN, l’usine Sud à Issy-les-Moulineaux (courant diphasé 12 300V – 42 périodes).
    • • Distribution par sous-stations et centres de couplages.


Trois zones sont retenues pour réduire les anciens systèmes :

    • • Une zone à courant continu cinq fils et trois fils. La distribution en continu est maintenue dans le centre de Paris, car elle est bien adaptée à la densité de puissance et aux besoins de force motrice, et le coût de transformation en alternatif des équipements existants a été jugé prohibitif.
    • • Une zone à courant alternatif monophasé 3 kV,
    • • Création d’une zone à courant alternatif diphasé 5 fils dans le Nord et l’Est de Paris, jusque-là peu électrifiés, un réseau alternatif diphasé est construit. Ce R.Z.D., Réseau de la Zone Diphasée, conserve la notion de maillage Basse Tension, déjà existante pour le continu, qui sera ensuite généralisée à l’ensemble des futurs réseaux de Paris.
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Les câbles qui sortent des ces 2 usines alimentent des sous-stations qui ont pour but de transformer la tension et le type de courant afin de les rendre conformes à ce qui était distribué dans les différents secteurs de Paris.  Plus d’information sur les centrales ….

La C.P.D.E met en service à la même époque 2 usines de production situées à l’extérieur de Paris, à Saint-Ouen et à Issy-les-Moulineaux, qui produisent du courant alternatif diphasé 12 500 volts à 42 périodes.

Ainsi 20 sous-stations de 3 types d’équipements différents vont voir le jour :

    • • Les sous-stations pour courant continu équipées avec des convertisseurs rotatifs (commutatrices ou groupes comportant un moteur synchrone ou asynchrone et une génératrice à courant continu). Ce sont les sites de Trudaine, Bergère et Bondy pour le secteur continu 3 fils et les sites de Puteaux, Pasquier, Saint-Roch, Mauconseil, Sévigné, Voltaire et Saint-Antoine pour le secteur continu 5 fils.
    • • Les sous-stations pour courant alternatif 3 000 volts équipées de transformateurs statiques monophasés abaissant la tension de 12 500 à 3 000 volts, tension correspondant à la tension distribuée dans les secteurs des Champs-Élysées et de la Rive Gauche. Ce sont les sites de Gobelins, Sèvres, Muette et Ternes.
    • • Les centres de couplage ou de répartition pour la nouvelle zone non encore desservie située au nord et à l’est de la ville qui ne réalisent aucune transformation du courant mais d’où partent des câbles en 12 500 volts qui alimentent des postes de transformation disséminés dans cette zone et desservant eux-mêmes un réseau basse tension 4 x 110 volts alternatif diphasé. Ce sont les sites de Doudeauville, Laumière, Ménilmontant, Charonne et Daumesnil.

Même si certains de ces sites ont fermé dans les années 1960 avec l’extinction du courant continu, d’autres ont fonctionné jusque dans les années 1990 et rappellerons beaucoup de souvenirs à ceux d’entre nous qui ont œuvré dans ces bâtiments souvent en service continu 24 heures/24 à entretenir les installations ou à exécuter des manœuvres dans ces sites qui n’ont été télécommandés que dans les années 1980. Maintenant la plupart de ces bâtiments sont ou vont être rendus à la Ville de Paris conformément au traité de concession qui expire le 31 décembre 2009.

D’importantes décisions sont prises de 1918 à 1930 :

    • • Passage de la fréquence 42 à 50 Hz (réalisé de 1925 à 1928)
    • • Arrêt du courant continu par création de postes d’immeubles et d’un réseau alternatif basse-tension, le Réseau Alternatif Complémentaire (R.A.C)
    • • Raccordement au réseau d’interconnexion général.
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Photo 4 : Usines et postes de transformation
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La transition vers les réseaux triphasés

La succession des divers réseaux est schématisée dans le graphique ci dessous, avec le temps en abscisse et la couverture géographique de Paris en ordonnée.

Le réseau continu est progressivement remplacé par un réseau diphasé proche du R.Z.D. Dans ce réseau R.A.C (Réseau Alternatif Complémentaire) les postes de distribution publique alimentant la maille Basse Tension sont raccordés en double dérivation sur le réseau Moyenne Tension 12 kV.

Raccordement des réseaux de Paris à l’interconnexion générale qui se développe, avec construction des postes 60 kV/12 kV de Nation et de Tolbiac.

A la nationalisation de 1946, la C.P.D.E est remplacée par Électricité de France – Centre de Distribution de Paris-Électricité (C.D.P.E.)

Au début des années 1960, il est décidé la  transition vers une distribution de courant triphasée, qui est devenue la norme des réseaux modernes.

A Paris, une structure novatrice globale, prenant en compte les évolutions futures est choisie. Pour effectuer la transition il est décidé de superposer l’ossature du nouveau réseau à la distribution existante, le transfert des charges entre ces deux réseaux pouvant ensuite se faire progressivement, en fonction des contraintes locales.

Pour la basse tension, le principe du maillage est conservé, car les dispositifs de permutation automatiques n’existent pas, le fonctionnement du réseau maillé est bien maîtrisé et donne satisfaction et son abandon amènerait une importante baisse de la qualité de desserte. Toutefois, dès le départ il est prévu d’alimenter les grosses charges par des postes non maillés.

Photo 6 : Évolutions du réseau parisien

• 1963 : le poste EYLAU III, premier Poste Source triphasé est alimenté en 63 kV et est constitué de deux transformateurs de 50 MVA afin d’avoir une garantie en cas d’incident.

• 1968 : Fin de la distribution en courant continu pour le dernier client (magasins du Printemps) Mais ce réseau était abandonné partout ailleurs depuis une quinzaine d’années.

• 1978 : La modification de l’organisation en 5 centres de distribution au lieu d’un n’a pas été retenu comme devant entraîner une modification du réseaux.

• 1983 : Début de l ’évolution des réseaux BT maillés vers une structure radiale. Cette transformation a été achevée en 1999.

• 1985 : Définition d’une nouvelle structure des postes THT/MT, avec 2 alimentations en 225 kV.

• 2010 : Définition d’un nouveau schéma directeur. Evolution de l’ossature 20 kV vers une structure «en pétale de marguerite» en remplacement de la structure en couronnes concentriques. Le secours des postes THT/MT sera possible à terme par tous les autres postes proches (NB : information à compléter).

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Crédits photographies et articles :
Photo 1 –
Image extraite du livre ………..
Photo 2 –
Graphique réalisé par MEGE
Photo 3 – Graphique réalisé par MEGE
Photo 4 – Graphique réalisé par EDF – Archivé à MEGE
Photo 5 –
Graphique réalisé par EDF – Archivé à MEGE
Photo 6 –
Document créé par MEGE